Les limites imaginaires de la réalité, Armand Colin. 448 pages.
La plupart des analyses historiques sur notre monde sont le fait d’historiens ou d’économistes. Ici c’est un sociologue qui porte son regard au travers d’une question : quelle est notre conception de la réalité et de ses limites? Après trois grandes époques marquées par les figures de la religion (Dieu), de la politique (le roi) et de l’économie (le marché), ce serait l’écologie (la nature) qui demain serait le « nouvel univers fixant la conception de nos limites ». A travers la figure de Don Quichotte, d’une définition « la réalité, c’est ce qui résiste » et d’un essai de compréhension de la manière dont un collectif instaure sa conception des limites du monde, c’est 2000 ans d’histoire superbement documentés qui sont revisités. Selon l’auteur, avec l’imaginaire écologique « Pour la première fois avec cette force et cette clarté, c’est l’idée même de limite de la réalité qui est sur la sellette. » (p. 417). Un livre passionnant de bout en bout.
Editions du Seuil. 222 pages.
Publié dans l’excellente collection « Anthropocène » et sous-titré « Textes pionniers de l’écologie politique », ce livre présente quatre textes parus entre 1935 et 1945. Assez incroyable de modernité, les auteurs appellent à une remise en cause de la technique et du progressisme. J’ai été étonné de trouver une critique des assurances « Une puissance de démoralisation actuelle est l’assurance (…). Il semble que la suppression des assurances, tout au moins sous réserve de certains modalités, doive être envisagée ». (p. 79). Avant de réinventer le monde, j’ai toujours été persuadé qu’il fallait d’abord se replonger dans les anciens textes. Toutes les bases de l’écologie politique sont présentes.