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Ma candidature

 

En mai 2017, je n’ai pas voté Emmanuel Macron au 1er tour. Mais, pro européen convaincu, j’ai rapidement été séduit par ses prises de position pour une refondation de l’Union Européenne.

 

J’avais alors été rencontrer à l’Elysée son responsable aux affaires européennes pour définir quel pouvait être le rôle de la société civile dans cette refondation. Etant le point de contact de la société civile organisée au Comité Economique et Social Européen, je m’estimais légitime pour travailler sur ce rôle.

 

Je me suis ensuite rapproché du cabinet de Nathalie Loiseau, Ministre en charge des affaires européennes, pour lui proposer que mon Comité soit la rampe de lancement des consultations citoyennes européennes. Elle intervint sur mon initiative lors d’une de nos sessions plénières et nous organisâmes un panel citoyen originaire des 27 états de l’Union Européenne pour élaborer le questionnaire de ces consultations.

 

Le rappel constant à la société civile, les contacts que j’établissais, ma connaissance des institutions européennes, tout cela m’a fait envisager : « Pourquoi pas moi ? ».

 

Devenir parlementaire européen me permettrait d’être plus efficace qu’au CES européen. Je me suis donc progressivement investi, notamment en participant au pôle en charge de l’élaboration du programme de LaRem pour les européennes.

 

J’ai donc adressé en octobre dernier ma candidature à la commission d’investiture. Après plusieurs mois de black-out, la liste des éligibles vient d’être publiée et je n’en suis pas.

 

Je suis bien sûr déçu, d’abord parce que je m’étais beaucoup investi dans cette ambition et que je croyais vraiment à l’engagement annoncé par le Président de la République d’une large place à la société civile.

 

C’est donc un échec. Le combat était difficile puisque, en éliminant les proches du Président et les alliances politiques, il ne pouvait y avoir que 3-4 personnes en position éligible et que nous étions 2 700 candidats.

 

J’en retiens trois idées :

  • D’abord, comme toujours, dans les épreuves importantes, nous sommes déçus par des proches, et à l’inverse, nous sommes fortement soutenus par des personnes plus lointaines. Je crois que c’est une caractéristique constante de toutes les épreuves, positives ou négatives.
  • Moi qui m’intéresse beaucoup à la communication politique, j’ai cherché un livre qui puisse m’aider. Mais tous les ouvrages sont écrits dans l’objectif de se faire élire, jamais d’émerger en aval de l’élection.
  • Il n’y aura pas de deuxième tentative. La politique nécessite un fort tempérament, avec une forte dose d’extraversion. Ce n’est pas ce qui me caractérise le plus.

 

Je suis un peu décontenancé par la liste des éligibles. Je m’attendais à voir plutôt des leaders politiques ou des militants fortement engagés dans le parti, il n’en a rien été et la liste LaRem pour l’Europe m’apparaît singulière, et j’y cherche encore la logique. Je reste toutefois avec d’excellents souvenirs de cette aventure en terre politique. J’y ai côtoyé des personnes fantastiques et j’ai pu connaître un mouvement politique de l’intérieur.

 

Une nouvelle phase s’ouvre.

 

Pour une consommation durable à l’échelle européenne

Pour une consommation durable à l’échelle européenne

 

En juin 2018, Nicolas Hulot et Brune Poirson m’ont missionné pour un rapport visant à délimiter des recommandations acceptables afin d’accroître la durabilité des produits.

 

Je souhaitais que cette lettre de mission puisse être signée conjointement par le Ministre de l’économie en charge du dossier consommation, mais cela n’a pu se réaliser et ma mission, initialement prévue pour démarrer au mois de mars, n’a finalement été lancée que le 21 juin 2018.

 

Cinq ans après mon avis émis et adopté à l’unanimité par le Comité Economique et Social Européen, je suis plus que jamais persuadé qu’il ne peut y avoir de développement durable sans consommation durable et que le sujet de la durabilité des produits doit trouver toute sa place dans une économie circulaire qui s’est trop longtemps focalisée sur le recyclage des déchets.

 

Après avoir rencontré pendant six mois plus d’une cinquantaine d’interlocuteurs de tous horizons et analysé un grand nombre d’études que j’ai voulu essentiellement académiques pour être le plus objectif possible, j’ai pu mettre en évidence le très grand nombre de conséquences bénéfiques d’un accroissement de la durée de vie des produits pour le pouvoir d’achat, l’emploi, l’impact environnemental et les émissions de gaz à effet de serre, la réputation des entreprises, la balance commerciale et bien d’autres domaines.

 

Au terme de mon étude, je formule 50 recommandations pour une durabilité accrue des produits.

 

Il appartient désormais au gouvernement d’en tirer les conséquences pour permettre au maximum de consommateurs de retrouver un rôle constructif moteur dans la transition écologique et solidaire.

 

 Rapport final

L’Europe de l’environnement, ce que disent les citoyens


L’Europe de l’environnement, ce que disent les citoyens

Du 17 avril au 31 octobre 2018, des consultations citoyennes se sont déroulées sur l’ensemble du territoire national. 70 000 citoyens ont participé à 1 082 consultations et le thème de l’environnement est apparu parmi les plus fréquents et comme celui qui a suscité le plus de propositions.

 

I. L’environnement comme nouvel ordre européen

La protection de l’environnement est conçue comme un pilier central d’une nouvelle dynamique européenne et l’Europe porte une responsabilité particulière par rapport au reste du monde. A l’heure où beaucoup considèrent que le récit fondateur « L’Europe, c’est la paix » doit être renouvelé, beaucoup de citoyens proposent de « lier le rêve européen au rêve écologique » pour redonner du sens aux espoirs européens. L’Europe doit donc se positionner en leader mondial sur les grands enjeux environnementaux.

L’Europe doit commencer par donner plus de lisibilité à sa politique environnementale et mieux faire respecter ses normes par la création d’une police environnementale européenne.

La question du financement a été posée et l’idée d’un plan d’urgence écologique européen séduit de nombreux participants. La fiscalité doit être davantage incitative. Il faut inciter par un crédit d’impôt au développement d’équipements sobres en énergie et taxer les produits non efficients pour subventionner la fabrication de produits plus respectueux de l’environnement.

La Banque Européenne d’Investissement devrait se transformer en Banque Européenne de Développement Durable ou devrait inclure une filiale spécifique dédiée au financement de la transition énergétique et proposer une offre de crédit à taux zéro pour les projets de transition. L’Europe de l’environnement, c’est aussi l’Europe de la recherche, l’Europe doit donc relancer de grands projets de recherche en lien avec les enjeux climatiques et environnementaux.

 

II. Des propositions multiples

Les citoyens ont un très grand nombre de propositions à suggérer. Six grands thèmes ont pu être dégagés.

  • Le changement des modes production
    Les entreprises sont ici directement interpellées sous le postulat que les obligations pour éco-concevoir et augmenter la durée de vie des produits sont insuffisantes. Trois grands sujets ont émergé : l’obsolescence programmée, les plastiques et les produits toxiques.L’Union Européenne doit, à horizon 2050, « fossiliser les énergies fossiles ».Le développement des énergies renouvelables en Europe est plébiscité et il est proposé de réallouer les taxes sur les énergies fossiles à la production d’énergies vertes. L’Europe devrait promouvoir une compagnie européenne d’électricité verte qui serait, sur le modèle d’Ariane, un champion européen de la transition énergétique.
  • L’évolution des modes de consommation
    La commercialisation des produits durables apparaît négligeable et les participants déclarent qu’ils réorienteraient leurs achats s’ils étaient mieux informés ou si les produits durables étaient moins chers ; c’est le cas également avec les produits bio, considérés comme trop chers.
    Il faudrait renforcer les systèmes de contrôle et de sanction et imposer aux produits non européens des standards de meilleure qualité.
  • La préservation des ressources
    Si le terme d’économie circulaire est peu apparu, la nécessité d’une limitation des prélèvements de matières premières, comme celui d’une meilleure gestion des déchets, a été clairement identifiée.
    Il faut contraindre les entreprises à l’éco-conception et au recyclage, rendre obligatoire celui-ci, contraindre les e-commerçants à la reprise des emballages, accorder des bonus aux industriels qui utilisent des produits recyclés, développer un véritable marché intérieur du recyclage.Le gaspillage alimentaire est également apparu et il faudrait davantage impliquer les cantines scolaires et les magasins d’alimentation. Une obligation pour les supermarchés de faire don de leurs invendus est proposée alternativement à l’idée d’une taxe sur le gaspillage alimentaire. Dans le domaine alimentaire, il a également été proposé la mise en place d’une étiquette indiquant le nombre de kilomètres parcourus par le produit.
  • La limitation des pollutions
    Urbanisme et transport ont été fortement développés. En matière d’éco-construction, les propositions suivantes ont été émises : imposer un urbanisme écologique, créer un label des villes européennes durables, obliger les entreprises du BTP à travailler avec les entreprises de recyclage, améliorer le financement des éco-quartiers.L’éco-mobilité recueille des nombreuses proposions ; il faudrait un plan vélo européen, proposer des bornes de recharge électrique tous les 50-80 kilomètres, créer une journée européenne sans voiture, favoriser le co-voiturage, réduire le transport des marchandises par camion au sein de l’Europe, généraliser le parking à l’extérieur des villes.
  • La protection des éco-systèmes
    Sur ce point, le souhait d’une politique commune de protection des sols est apparu en lien avec la plantation d’arbres. Des demandes de mesures de protection du littoral et de la biodiversité ont été effectuées et sur ce point, par un développement des réserves naturelles et la protection des abeilles.
  • Le climat
    Bizarrement, le thème du réchauffement climatique a été peu abordé, vraisemblablement car il est apparu transverse à de nombreuses politiques. En dehors du développement de la recherche, la plupart des propositions se sont focalisée sur des mesures fiscales, même si celles-ci ont pu faire débat, d’autres participants jugeant ces propositions trop punitives.

Au final, plusieurs observations peuvent être présentées

D’abord, si le sujet environnement a été un des trois thèmes les plus traités lors de ces consultations citoyennes, très peu de propositions ont réellement l’Europe comme cadre territorial. Ensuite, beaucoup de propositions apparaissent consensuelles en dehors de celles touchant la fiscalité. En outre, l’ensemble des débats donne l’impression que le sujet environnement en Europe s’avère évident, qu’il serait un motif de fierté et de reconnaissance de citoyenneté européenne, qu’il demanderait toutefois à être mieux communiqué pour donner plus de visibilité aux actions déjà conduites.

Reste à savoir enfin si les citoyens européens sont prêts aux efforts qui seraient requis par la mise en œuvre des propositions qu’ils suggèrent eux-mêmes.

Réaffirmer les valeurs de l’Europe

Les 22 et 23 novembre, se sont déroulés à Athènes d’excellents échanges autour de la réaffirmation des valeurs européennes, à l’aube des élections européennes.

Parmi les interventions marquantes, je retiens celles de :

  • Paola Guisado, journaliste à El Mundo, évoquait les bénéfices apportés par la mise en commun des médias européens de leurs moyens d’investigations, à l’exemple des Malta Papers ou des football leaks. Elle regrettait que les hommes politiques s’adressent peu aux jeunes, certainement parce qu’ils pèsent de moins en moins dans les élections.

 

  • Andrej Zaslove, professeur de Sciences Politiques aux Pays-Bas, soulignait le caractère trompeur de l’appellation « populisme » en observant : « Il n’y a rien de moins proche du peuple qu’un populiste arrivé au pouvoir». Il souligne que les partis politiques traditionnels ont eu le tort de n’avoir pas pris suffisamment les populistes au sérieux. Un participant faisait remarquer qu’il ne fallait pas les réduire à des personnes peu instruites ou à des ouvriers. Sur ce point, Sarantis Michalopoulos, journaliste à Euractiv, insistait sur la nécessaire distinction entre eurosceptiques et anti-européens.

 

  • Sébastien Maillard, le directeur de l’Institut Jacques Delors, dont j’ai pu faire la connaissance, a déclaré qu’il ne fallait pas tomber dans le piège inverse de fétichiser l’Europe, celle-ci représentant un moyen, pas une fin en soi. Il faut accepter la diversité des approches sur l’Europe et notamment celle des conservateurs. Les progressistes n’ont pas le monopole de la définition des valeurs européennes. Il a observé que loin d’avoir entraîné un effet domino, le Brexit a freiné les ardeurs des pays qui pouvaient envisager de sortir de l’Union Européenne. Si les progressistes utilisent autant l’argument des migrants, c’est parce que celui de la sortie de l’Union Européenne est apparu inopérant. Il pense que l’idée d’un deuxième référendum en Angleterre serait une mauvaise chose « Comme dans un mariage, on doit savoir qu’un divorce est toujours possible».

 

  • Jolanta Kurska, présidente de la Fondation Bronislaw Geremek, a fait forte impression en racontant comment grâce à la société civile et aux pressions de l’Union Européenne (et une plainte devant la Cour de Justice Européenne) le gouvernement polonais a décidé de retirer, il y a quelques jours, son projet de loi de mainmise sur le système judiciaire. Une victoire sur les libertés fondamentales permise par les ONG de la société civile européenne.

 

Nicolas Hulot

Nicolas Hulot – les leçons d’un échec

La démission de Nicolas Hulot a été ressentie comme un coup de tonnerre. Un déluge de commentaires, d’analyses, de bilans s’est aussitôt installé.

 

Pourtant, la surprise était minime. Le départ de Nicolas Hulot était programmé et la seule réelle interrogation reposait le choix du moment que l’on imaginait un peu plus tardif.

 

Plutôt que de chercher si le lobby de la chasse fut l’élément déclencheur ou si la France a gagné sur le glyphosate, il y a une question plus profonde à régler, pourquoi ça ne marche pas ? Pourquoi depuis 37 ans d’existence en France d’un ministère de l’environnement, le sentiment d’échec prévaut-il ? Le ministre de l’environnement est celui pour lequel la durée de vie politique est la plus brève. Vingt-cinq titulaires se sont succédé depuis 1971. Cela ne peut que réduire l’impact réel de chaque ministre.

 

Indice inquiétant : tous les ministres de l’environnement ayant publié leurs mémoires ont, peu après avoir quitté leur poste, écrit leur totale impuissance dans leur volonté de faire bouger les lignes. Et ce constat n’est pas nouveau puisque le premier titulaire de la fonction, Robert Poujade, écrivait déjà en 1975 l’ouvrage Le ministère de l’Impossible.

 

De tous les ministres de l’écologie, Nicolas Hulot était sans conteste le plus compétent. Depuis 1999 et grâce au philosophe Dominique Bourg, il avait réuni au sein de sa Fondation une petite équipe exclusivement composée de scientifiques dont j’avais l’honneur de faire parti, pour l’aider à bien comprendre les principaux sujets environnementaux. Il était de loin le ministre le plus motivé, le plus conscient de la nécessité d’une urgence de l’action. Il avait rang de ministre d’Etat, protocolairement n° 3 au sein du gouvernement. Il disposait d’une vraie légitimité dans l’opinion publique qui le plaçait au sommet des personnalités préférées.

 

Et malgré tout cela, c’est à nouveau l’échec. Le sentiment est que l’action politique est impuissante. Comme le disait Nicolas Hulot dans son interview sur France Inter, les raisons sont ailleurs, les déterminants de l’action sont peut être davantage culturels ou civilisationnels, mais aucunement politiques.

 

Cela signifie que la balle dans le camp de chacun d’entre nous. Mon travail sur la consommation responsable m’a fait comprendre que la meilleure action pour l’environnement était souvent celle que l’on effectue en faisant nos courses, que le meilleur vote, s’effectuait au moyen de la caisse enregistreuse. C’est vraisemblablement par nos comportements individuels que le monde évoluera, et pas seulement au moment du vote. Le changement ne peut venir d’une autorité extérieure, aussi élevée soit-elle. S’il y a un message à retenir de la démission de Nicolas Hulot, c’est bien celui de nous confronter à nos propres contradictions et si possible de pouvoir les dépasser. L’action pour un monde meilleur ne peut totalement se déléguer, c’est dans nos actions quotidiennes qu’elle doit s’accomplir.

Bilan de mi mandat au CES Européen

Les 18 et 19 avril prochains se dérouleront les élections de mi-mandat au Comité Economique et Social Européen, dont je suis un des 350 membres. Ce renouvellement ne concerne pas les conseillers, mais uniquement les organes dirigeants, les présidents de section, de groupe et surtout le président du Comité. La procédure est purement formelle puisque le président élu pour 2 ans et demi, est en fait désigné par roulement des trois différents groupes. Après Georges Dassis, un grec, qui fut président de septembre 2015 à avril 2018 (groupe des salariés), c’est au tour de Luca Jahier, un italien, qui prendra au titre du groupe des activités diverses (secteur associatif notamment), la présidence du Comité. Comme Georges Dassis, Luca Jahier, est un homme de culture très francophile.

logo CESEComme pour tout mandat public, je pense utile de présenter le bilan de mon mandant à mi-parcours.

Je suis membre des sections NAT (environnement, agriculture) et INT (marché intérieur), de l’observatoire du développement durable, du groupe Consommateur et Environnement, et du groupe Communication. Je suis également le point de contact de la délégation française qui comporte 24 membres.

J’ai été rapporteur de deux avis, l’un sur l’économie de fonctionnalité et l’autre sur l’intégration du nudge dans les politiques publiques européennes. Ces deux avis sont en ligne sur le site du Comité. Dans la mandature précédente, j’avais été rapporteur d’un avis sur l’obsolescence programmée, celui-ci fut le premier texte émanant d’un organe européen à se prononcer sur le sujet.

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Je suis actuellement co-rapporteur d’un projet d’avis sur les indicateurs européens des 17 objectifs de développement durable. Cet avis devrait être voté avant la fin de l’année. Une audition publique est prévue le 28 mai sur le sujet.

ThL

J’ai été membre des groupes de travail relatifs aux nouveaux modèles économiques durables et à celui portant sur la stratégie de transition économique européenne à l’horizon 2050. J’ai participé au groupe de travail sur l’économie circulaire qui a installé la plate-forme européenne des parties prenantes sur ce sujet.

J’ai participé à l’élaboration du partenariat qui s’est institué entre le CES Européen et le CESE français. Une convention fut signée entre les deux institutions consultatives en juin 2017.

Aujourd’hui, je suis investi sur la consultation citoyenne, sujet sur lequel j’avais invité Madame Nathalie Loiseau, Ministre en charge des affaires européennes, à venir présenter cette demande lors de la session plénière de février 2018.

Il me reste deux ans et demi à accomplir ; ils devraient être bien occupés au vu de l’ensemble des enjeux européens actuels. Le Comité est un organe formidable qui fait travailler ensemble des membres aux intérêts différents et provenant des 28 Etats de l’Union Européenne et qui arrivent presque toujours à se mettre d’accord sur des textes majeurs. Il est juste dommage que ce mastodonte de la Commission Européenne soit aussi peu réceptif à la voix de la société civile.

Meilleurs voeux 2018

Comme chaque année, j’ai plaisir à présenter mes vœux sous forme d’incitations à découvrir quelques petites choses de l’année qui vient de s’écouler.
Livres
dossier MEncore beaucoup d’excellentes lectures cette année. En littérature, mon coup de cœur a été Le dossier M de Grégoire Bouillier, un gros pavé littéraire de 700 pages, et encore le tome II sort en janvier prochain. C’est parfois énervant tant le nombre de digressions est considérable, mais c’est du grand art. J’ai beaucoup aimé L’ordre du jour d’Eric Vuillard, prix Goncourt 2017 et ici c’est juste 150 pages en petit format ! En communication politique, j’ai apprécié les livres de Gaspard Gantzer et de Gilles Boyer ; pour la première fois des communicants politiques proposent une approche humble de leur activité, bravo pour cela.

Beaucoup d’autres lectures de livres parus en 2017 sont commentées sur mon site sur le lien suivant :

Lectures 2017

Cinéma

Beaucoup de très bons films en 2017. Mes préférés auront été « Faute d’amour », description implacable des déchirures qui suivent souvent les ruptures amoureuses. J’ai aimé aussi « Lumière », série de mini-films tournés par les frères Lumière, « Au-delà de l’espoir » d’A. Kaurismaki et « Visages, Villages » d’Agnès Varda et JR.

Théâtre

Sans conteste, « Les particules élémentaires » tiré du livre de M. Houellebecq, la pièce mise en scène par Julien Gosselin au théâtre de l’Odéon était splendide. Si cela repasse, précipitez-vous.

Découverte

SplitDans deux domaines très différents : Split pour la beauté du lieu et Belfast pour l’émotion ressentie dans certains lieux chargés d’histoire.

Expo

J’ai profité de mon déménagement pour redécouvrir les musées du XVIIème, notamment Nissim de Camondo, Cernuschi et Jean-Jacques Henner. A chaque fois, la beauté du musée en lui-même renforce l’intérêt de la visite. J’ai aussi découvert le peintre bosniaque Safet Zec lors d’une exposition à l’hospice Comtesse de Lille. Je pense que je préfère désormais des petits musées sans prétention aux grands événements artistiques, certes superbes, mais où l’on piétine derrière des centaines de visiteurs.

Musique

Tinariwen aura été ma découverte de l’année, cela à l’occasion d’un concert parisien à la Maroquinerie. A écouter rapidement si on ne connaît pas.

L’événement

Après quatre heures d’auto-apprentissage, un ordinateur GoogleMind a battu l’ordinateur d’échecs le plus puissant. La défaite en 1996 du champion du monde d’échecs face à un ordinateur IBM est reléguée dans l’antiquité des illusions de la force de l’esprit humain.

Coup de gueule

imagesJ’ai participé en 2017 comme simple spectateur à l’arrivée du marathon du Mont-Blanc. J’ai été effaré du nombre de coureurs avec une gopro ou un smartphone qui se filmait en train de franchir la ligne d’arrivée. Je me sens horriblement ringard mais dans les expos, dans les concerts et maintenant dans le sport, les gens se prennent en photos ou en vidéos simplement pour dire « j’y étais » et le partager sur les réseaux sociaux. Combien de choses ferions-nous encore si nous ne pouvions pas montrer que nous les faisons?

Communication de crise, l’éthique ne paye pas

Il vaut mieux mentir qu’assumer en communication de crise.

La communication de crise connaît un grand nombre de principes unanimement reconnus et partagés ; elle doit être réactive, transparente, empathique et l’organisation en crise doit assumer et reconnaître ses responsabilités.

Une récente étude menée par trois chercheurs des universités de Birmingham (UK) et de Lund (Suède) vient de faire retentir un formidable coup de tonnerre dans le ciel serein de la communication de crise. Une expérimentation menée sur les postures de communication en temps de crise apporte des résultats sans ambiguïté : les stratégies du déni se révèlent plus efficaces que les stratégies de la reconnaissance.

Les chercheurs ont testé deux types de situations autour de cas de fraude majeure commises par une entreprise. Dans la première, la responsabilité de l’organisation ne pouvait être prouvée et aucune preuve ne pouvait être apportée. Dans cette hypothèse, le déni de l’entreprise apparaît crédible aux yeux de l’opinion publique.

Dans le deuxième type de situation, les preuves de la culpabilité de l’entreprise étaient manifestes et étaient portées à la connaissance du public testé. Et pourtant, malgré les évidences, si l’entreprise choisissait la stratégie du déni, celle-ci apportait des résultats comparables à la stratégie de la reconnaissance.

En clair, nier toute responsabilité, mentir effrontément ne se révèle pas moins efficace qu’assumer ses responsabilités.

Comment peut-on expliquer un tel résultat ?

–       D’abord comme toute étude scientifique, les résultats doivent être mis en perspective avec la méthodologie de recherche. En l’occurrence, l’expérimentation a été effectuée sur un nombre réduit d’individus (284) et dans le cadre de cours qui donc ne concernaient que des étudiants. Par ailleurs, le type de crise simulée, en l’occurrence une fraude, de par son caractère peu visuel, suscite moins d’émotion qu’une catastrophe industrielle occasionnant des victimes et une pollution majeure.

–       Ensuite, et c’est ici plus interpellant, la création de doute , même en présence d’évidence, rend le message de dénégation crédible. Cela en dit long sur la défiance généralisée, le succès des fake news et l’état d’une société en perte de repères, pas forcément dupe ni réceptive aux théories du complot, mais où la notion même de preuve et donc de vérité s’estompent.

Un des derniers clous  dans le cercueil des illusions de l’éthique en communication vient d’être enfoncé.

 Référence :  Matteo Fuoli, Joast van de Weiger et Carita Paradis, “Denial outperform apology in repairing organizational trust despite strong evidence of guilt”, Public Relations Review, n° 43, 2017, p. 645 à 660.

La publicité est-elle compatible avec la transition écologique ?

Publicité et transition écologique

La transition écologique s’est trop longtemps focalisée sur une approche trop strictement économique : économie de fonctionnalité, collaborative, décroissance, nouveaux indicateurs de développement, économie circulaire, L’impression dominante était que la réussite de la transition était une affaire d’économistes dans laquelle le citoyen n’avait pas sa place. C’est croire que les graphiques, chiffres et courbes peuvent être des déterminants de l’histoire, alors même que le moteur de nos évolutions réside surtout dans nos représentations et notre imaginaire.

La publicité, parce que sa mission principale est de nous faire vendre en permanence de nouveaux produits et services, a une responsabilité majeure. D’abord parce qu’elle participe directement d’un modèle économique de croissance basé sur un modèle de consommation aux conséquences environnementales majeures, mais aussi et surtout parce qu’elle nous diffuse un modèle où notre idéal de bonheur reposerait sur notre capacité à consommer toujours plus.

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page-de-pub

Bizarrement et en dehors des mouvements liés à la décroissance ou des critiques sur les dérives en matière d’affichage externe ou de greenwashing, la publicité a rarement été analysée dans sa responsabilité face à la nécessaire transition écologique. J’ai constaté que ce sujet était très clivant, Certains pensent que la publicité est un facteur dominant d’empêchement de renouvellement d’un système économique qui court à sa perte, et d’autres pensent que la publicité n’est qu’un reflet de notre époque, que sa responsabilité est infime. Beaucoup de publicitaires utilisent l’argument que la publicité n’aurait pas de responsabilité propre car elle ne serait qu’un reflet de nos évolutions.

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LPM imaginairesJ’ai effectué ce travail en complément d’une première réflexion que j’avais faite en 2015 sur les nouveaux imaginaires du développement durable. Le rapport présenté ne vise pas à accuser le monde publicitaire ou à l’exonérer, il cherche à comprendre une problématique en esquissant et en mettant au débat quelques pistes de solutions.

Je remercie la Fondation Nicolas Hulot d’avoir permis l’ouverture de ce débat.

Lien vers l’article: > Publicité & Transition écologique

Télécharger le document: Document pdf Publicité & transition

Je vous présente mes plus sincères excuses

Désolé pour cela

Parmi les apparents incontournables de la communication de crise figure l’idée que le premier acte à accomplir est celui de la présentation d’excuses. De ce point de vue, le livre d’Edwin L. Battistella, Sorry about that, apporte d’utiles précisions.

Dans cet ouvrage paru en 2014, l’auteur en reprenant les analyses d’Erwing Goffman dans La présentation de soi, (1959) indique qu’une excuse complète comporte quatre éléments : la reconnaissance de l’erreur, le désaveu, la repentance et l’engagement pour l’avenir. Il indique les différentes expressions pouvant être utilisées pour s’excuser : je suis désolé, je regrette, j’ai eu tort, je m’excuse, je demande pardon.

L’auteur indique que pour être efficace, la demande d’excuse doit traduire le regret et être précise dans son objet, c’est-à-dire nommer la faute. L’excuse doit également être ciblée directement et doit éviter les expressions exprimant une potentialité « Je m’excuse si certains ont pu être offusqués par mes propos ».

Etre désolé ne suffit pas car l’expression ne traduit qu’un état intérieur et ne décrit souvent qu’une émotion limitée sans engager de responsabilité : « Je suis désolé qu’il pleuve aujourd’hui ».

Les expressions peuvent être relevées par des adjectifs appropriés : « Je suis sincèrement désolé et je présente mes plus profondes excuses ».

Le livre présente de nombreuses études de cas comme le naufrage du pétrolier Exxon Valdez en 1989, l’explosion de la plateforme BP en 2010 et la première affaire de communication politique de crise liée à un scandale sexuel, celle du secrétaire d’Etat au Trésor américain, Aaron Burr en 1804, bien avant les affaires Clinton et Strauss Kahn donc.

L’auteur indique les obstacles à la présentation d’excuses et particulièrement dans la sphère géopolitique, « Nous sommes désolés de ce qui est arrivé, mais cela ne pourrait être perçu comme une demande d’excuses » (Colin Powell, avril 2001). Il note pour les entreprises, la crainte que la reconnaissance de responsabilité morale n’apparaisse comme l’acceptation d’une culpabilité, comme ce fut le cas pour l’explosion de Bhopal en 1984. Cette reconnaissance de responsabilité s’avère d’ailleurs d’autant plus illusoire désormais puisque l’entreprise en cause, Union Carbide, fut rachetée en 2001 par Dow Chemical. E. Battistella consacre plusieurs paragraphes au « code John Wayne » qui dans le film La Charge Héroïque de 1949 répétait en permanence:        220px-Sheworeayellowribbonpost« Ne vous excusez jamais, c’est un signe de faiblesse. »

Cet ouvrage est excellent par l’ampleur et la diversité des études de cas. Chaque chapitre présente quelques principes suivis de commentaires détaillés d’exemples. Bien sur, l’auteur est un linguiste et ses commentaires ne sont pas toujours pertinents dans une vision opérationnelle de communication de crise dans les organisations.

Sur ce dernier point, on sait que les formules d’excuses apparaissent souvent pré-formatées et peu crédibles aux yeux de la population (cf l’étude de Joost W.M. Verhoeven, Centre de recherches en communication d’Amsterdam). En outre, dès 2008, Timothy Coombs avait dans un article écrit avec Sherry Holladay « Comparing apology to equivalent crisis response strategy : clarifying apology’s role and value in crisis communication » montré que le critère dominant n’était pas la présentation d’excuses mais une stratégie « victim-centered / accomodative strategy ». Il faudrait donc actualiser quelques éléments de langage qui peuvent désormais apparaître  un peu trop convenus.

Référence: Edwin L Battistella. Sorry about that. The language of public apology. Oxford University Press. 2014. 218 pages.

Extrait de La Charge Héroïque: * Never to apologize, it’s a sign of weakness

Bon article de synthèse sur les stratégies d’excuses par Hervé Monier: Link: Savoir s’excuser, tout un art