Florence MEAUX et Alain JOUNOT. Entreprises performantes et responsables, c’est possible

Afnor Editions. 226 pages.
Ma lecture a commencé par une déception puisque ni sur la couverture, ni au dos de l’ouvrage, il n’était indiqué que ce livre concernait d’abord les PME.
Sinon, le livre est excellent, il est basé sur un retour d’expérience des entreprises évaluées AFAQ 26000 et j’ai beaucoup apprécié le découpage des parties du livre en « Ce qu’on sait déjà » et « Ce que les entreprises évaluées nous apprennent ». L’ensemble offre une vision très documentée de l’avancée et des retombées des dispositifs RSE dans les PME. J’ai appris que les facteurs clés du succès sont l’implication de la direction, la sensibilisation des collaborateurs et la rigueur de méthode, que les indicateurs environnementaux scorent sous la moyenne et qu’une des premières difficultés est de pouvoir hiérarchiser les enjeux. Point encourageant aussi: 95% des entreprises qui se lancent dans les démarches d’évaluation souhaitent poursuivre dans la démarche.

George Steiner. Un long samedi

Flammarion.170 pages.
Cet auteur m’a toujours fasciné par son énergie et sa gigantesque érudition. Il retrace ici son évolution dans ses entretiens avec Laure Adler, préalablement diffusés sur France Culture.
Steiner fut une révélation pour moi il y a bien longtemps par sa démonstration que la culture n’empêchait en rien la barbarie.

Denis Monneuse. Le silence des cadres. Enquête sur un malaise

Vuibert. 236 pages.
Sociologue et consultant en RH, l’auteur offre, sur la base d’un grand nombre d’entretiens et d’enquêtes, une plongée dans l’univers des cadres. Selon lui, le malaise des cadres repose sur un problème identitaire basé sur la diminution du prestige en externe, un sentiment d’iniquité qui donne l’impression d’être perdant et un mal-être dû à un manque de sens et aux conflits de valeurs.J’ai appris que la catégorie des cadres datait des années 1930, que l’expression de « malaise des cadres » est apparue en 1947 et que les cadres représentaient aujourd’hui 15 % de la population active française, soit 4,2 millions de personnes. La France est le pays qui connaît la plus forte proportion de salariés qui se déclarent « cadres » et la plus forte proportion d’entre eux déclarent n’encadrer personne. Un livre important pour les communicants internes.

Jean-Marie Charon. Les médias en France

La Découvert. 128 pages.
Une bonne synthèse en format poche sur les médias. L’auteur présente l’histoire, la législation, les éléments économiques et les principaux acteurs du domaine, sans oublier le rôle de l’Etat. Un chapitre est consacré à la publicité et un autre au débat relatif à la crédibilité des médias. On y apprend beaucoup de choses, comme le fait que la presse écrite recueillit 71 % des recettes publicitaires en 1970, contre moins de 25 % actuellement. Cette nouvelle édition (la précédente datait de 2003) apparaît toutefois hâtive ; l’ouvrage est très léger sur les incidences du numérique, la mise-à-jour est irrégulière (le BVP existerait toujours alors qu’il a été remplacé par l’ARPP en 2008) et il subsiste des erreurs factuelles, comme celle sur le fondateur de Publicis, Marcel Bleustein-Blanchet, prénommé ici Eugène (p. 90). Dommage.

Pierre Fayard et Eric Blondeau. La force du paradoxe. En faire une stratégie ?

Dunod. 255 pages.
Recueil de treize histoires sous forme de dialogue entre deux ou trois personnes, ce livre met en évidence des décalages entre des actions et le sens qu’on leur attribue. Ces histoires concernent aussi bien des situations personnelles comme la vie de couple que des situations en organisation, notamment des conflits ou situations à risques professionnels. Les histoires sont entrecoupées de petites balises éclairant la situation et se terminant par un ensemble de questionnements.
Un ouvrage intéressant qui met en évidence les non-dits et fausses représentations.
J’aurais apprécié une place plus importante à la communication dans ce livre.

Claire Guichet. Le Comité Economique et Social Européen

L’Harmattan. 230 pages.
Doctorante à Paris II, l’auteur examine la capacité du CESE à s’imposer dans la gouvernance européenne. Organe consultatif, le CESE a pâti de la montée en puissance du Parlement Européen, mais aussi du fait que sa fonction reste confuse entre lieu d’expertise ou de représentativité, en raison de la multitude de ses avis (270 par an) et plus globalement en raison de son positionnement vis-à-vis de la société civile déjà organisée par ailleurs : les conseillers étant choisis par les gouvernements nationaux, il devient difficile au CESE de « se placer comme forum de la société civile européenne » (p. 68).
J’ai appris que moins de 3 % des membres sont à l’origine de plus du quart des avis.
Un ouvrage bien intéressant pour moi qui en suis membre ; peut-être trop centré sur la délégation française et dont l’approche sociologique mériterait d’être développée. La préface de Jacques Chevallier est sans appel : « L’existence du CESE a surtout une portée symbolique. »

Régis Debray, L’erreur de calcul

Le poing sur la table, 55 pages.
Une belle réaction à la fameuse phrase de Manuel Valls « J’aime l’entreprise. » Régis Debray observe d’abord le lieu où cette phrase fut prononcée : « L’homme d’affaires ne se dérange plus. Il reçoit l’homme d’Etat. Les importants ont permuté ». Il se désole que la France elle-même soit conduite comme une entreprise et que l’économie imprègne tout notre langage. « On investit un lieu, s’approprie une idée, affronte un challenge, souffre d’un déficit d’image mais jouit d’un capital de relations. » J’ai apprécié le passage de « Staline, combien de divisions à Le Pape, combien de followers ». (p. 16). Du très bon Régis Debray, et superbement écrit.

Cécile Duflot

De l’intérieur. Voyage au pays de la désillusion. Fayard. 232 pages.
J’ai toujours aimé lire des témoignages d’anciens ministres par curiosité envers le fonctionnement du pouvoir. Avec Cécile Duflot, je pensais y trouver une approche modernisée, rigoureuse et sans langue de bois, une analyse d’EELV qu’elle a conduite pendant 10 ans, les coulisses de la primaire Hulot / Joly en 2012, une vision écologique de la politique qui pour la première fois n’était pas liée au poste de ministre de l’environnement. Forte déception, c’est beaucoup de regrets, de règlements de comptes, d’idées superficielles. On sent un livre rapidement rédigé, et encore pas par elle, ce qu’elle a le mérite de reconnaître dans ses remerciements.

Les limites imaginaires de la réalité, Armand Colin. 448 pages.

La plupart des analyses historiques sur notre monde sont le fait d’historiens ou d’économistes. Ici c’est un sociologue qui porte son regard au travers d’une question : quelle est notre conception de la réalité et de ses limites? Après trois grandes époques marquées par les figures de la religion (Dieu), de la politique (le roi) et de l’économie (le marché), ce serait l’écologie (la nature) qui demain serait le « nouvel univers fixant la conception de nos limites ». A travers la figure de Don Quichotte, d’une définition « la réalité, c’est ce qui résiste » et d’un essai de compréhension de la manière dont un collectif instaure sa conception des limites du monde, c’est 2000 ans d’histoire superbement documentés qui sont revisités. Selon l’auteur, avec l’imaginaire écologique « Pour la première fois avec cette force et cette clarté, c’est l’idée même de limite de la réalité qui est sur la sellette. » (p. 417). Un livre passionnant de bout en bout.

Editions du Seuil. 222 pages.
Publié dans l’excellente collection « Anthropocène » et sous-titré « Textes pionniers de l’écologie politique », ce livre présente quatre textes parus entre 1935 et 1945. Assez incroyable de modernité, les auteurs appellent à une remise en cause de la technique et du progressisme. J’ai été étonné de trouver une critique des assurances « Une puissance de démoralisation actuelle est l’assurance (…). Il semble que la suppression des assurances, tout au moins sous réserve de certains modalités, doive être envisagée ». (p. 79). Avant de réinventer le monde, j’ai toujours été persuadé qu’il fallait d’abord se replonger dans les anciens textes. Toutes les bases de l’écologie politique sont présentes.

Danilo Martuccelli. Les sociétés et l’impossible

Les limites imaginaires de la réalité, Armand Colin. 448 pages.
La plupart des analyses historiques sur notre monde sont le fait d’historiens ou d’économistes. Ici c’est un sociologue qui porte son regard au travers d’une question : quelle est notre conception de la réalité et de ses limites? Après trois grandes époques marquées par les figures de la religion (Dieu), de la politique (le roi) et de l’économie (le marché), ce serait l’écologie (la nature) qui demain serait le « nouvel univers fixant la conception de nos limites ». A travers la figure de Don Quichotte, d’une définition « la réalité, c’est ce qui résiste » et d’un essai de compréhension de la manière dont un collectif instaure sa conception des limites du monde, c’est 2000 ans d’histoire superbement documentés qui sont revisités. Selon l’auteur, avec l’imaginaire écologique « Pour la première fois avec cette force et cette clarté, c’est l’idée même de limite de la réalité qui est sur la sellette. » (p. 417).
Un livre passionnant de bout en bout.