Nader Abbes. L’entreprise responsable. De la responsabilité sociétale à la communication environnementale

L’Harmattan. 206 pages.
Cet ouvrage en sciences de gestion est composé de deux parties : « L’environnement, un bien public ou privé ? » qui traite de la RSE et « Le reporting environnemental à la lumière de l’application de la loi NRE ». Le titre est donc trompeur puisque le livre ne traite de la communication environnementale que sous l’angle de l’application de la loi NRE aujourd’hui dépassée par la loi Grenelle 2. L’auteur, à la suite d’une analyse de contenu de rapports RSE, conclut que « la loi NRE n’est pas parvenue à standardiser l’information environnementale » (p. 157), que « les sociétés du CAC 40 n’ont pas réellement cherché à rendre compte de manière exhaustive des conséquences de leurs activités sur l’environnement » (p. 158), et que c’est sur le plan du périmètre du groupe que les écarts sont les plus criants, ce qui a conduit pour la plupart d’entre d’elles « à adopter le point de vue le plus restrictif possible » (p. 159). Au final : « L’objectif des entreprises ne semble pas être le respect des textes de lois, mais l’inscription dans une démarche de communication qui valorise leurs engagements et leurs démarches dans le domaine de l’environnement » (p. 161). Sur la base de ce constat, déjà connu, il sera intéressant de suivre les évolutions du reporting suite à la nouvelle législation sur le reporting, mais aussi avec la nouvelle recommandation du GRI, le G4 publié en mai 2013.

FNEP. Face aux crises, courage, changeons

La documentation française. 162 pages.
Rédigé par la promotion 2013 de la Fondation Nationale Entreprise et Performance (une douzaine de jeunes professionnels inter entreprise et service public), ce rapport propose un constat de la situation de la gestion des crises en France avec plusieurs pistes d’amélioration. Parmi celles-ci, les auteurs recommandent une meilleure coopération public-privé, une meilleure implication de la société civile, un usage mieux maîtrisé des réseaux sociaux et une plus grande utilisation des retours d’expérience. Le rapport mentionne le décalage entre une gestion des crises très centralisée au niveau des territoires avec le rôle dominant du préfet, et l’absence d’un organe national de coordination à l’exemple de la FEMA aux Etats-Unis. « Il faut mettre en place un système global de planification et de gestion des crises, capable de faire face à tous les types de crises, plutôt que de vouloir vainement et avec  toujours un temps de retard, planifier par type de risque en multipliant et en empilant les dispositifs » (p. 51). Le rapport observe également qu’en communication de crise, on pense d’abord à la gestion de l’image alors qu’il faudrait s’attacher à la récupération des données, à l’échange des informations, à leur confrontation, à la délivrance des recommandations aux acteurs de terrain et aux alertes, champ négligé de la communication de crise.
Un rapport bien documenté avec une bonne vision d’exemples étrangers et une perspective opérationnelle.

Anthony Babkine et Mouna Hamdi. Bad Buzz

Eyrolles. 184 pages.
Un ouvrage bien clair sur un sujet où la frontière entre le bad buzz et la crise est souvent nébuleuse. De nombreuses études de cas et points de vue de spécialistes enrichissent l’ouvrage. J’ai apprécié la typologie des acteurs du bad buzz entre le consommateur mécontent, l’opposant systématique, le troll, les influenceurs. Les auteurs indiquent que « La mauvaise réaction d’une marque face à une attaque due à l’expression d’un mécontent donne souvent de l’ampleur à une crise » (p. 101). La capacité de désamorcer un bad buzz par une réponse adaptée est l’exercice le plus délicat et la puissance des juristes est souvent dénoncée. Des réflexes simples comme l’attention à l’augmentation soudaine de mentions de l’entreprise est souvent un révélateur, avoir un compte tweeter spécifique, engager des conversations privées et surtout se positionner en mode coopératif.
Un livre intelligent qui amène à réfléchir à nos conceptions traditionnelles de communication de crise.

Frédéric Mitterrand. La récréation

Robert Laffont. 722 pages.
J’ai adoré et dévoré ce journal du ministre de la culture (juin 2009 – mai 2012). L’impression de lire pour la première fois un ouvrage politique réellement sincère. C’est humble, souvent drôle et derrière la légèreté apparente, c’est un fabuleux témoignage sur la vie culturelle française et la marge de manœuvre du ministre de la culture.
Un régal.

Olivier Moch. Vade-mecum de la communication externe des organisations

Edipro 160 pages.
Un excellent petit manuel de communication des entreprises. L’auteur réussit à s’écarter des manuels classiques pour tirer parti de sa propre expérience (il est responsable de la communication d’un hôpital à Liège en Belgique) et en tirer des enseignements sur ce qui fonctionne.
C’est toujours très clair, opérationnel et basé sur des exemples concrets. Les chapitres sur les relations presse, la communication de crise et la communication digitale sont excellents. Je suis heureux d’en avoir rédigé la préface.

Serge Latouche. Jacques Ellul, Contre le totalitarisme technicien

Editions Le Passager Clandestin. 108 pages.
Sous un format poche et dans la collection « Les précurseurs de la décroissance », Serge Latouche publie une sélection de textes de Jacques Ellul après avoir rédigé une belle introduction présentant l’originalité de la riche pensée de Jacques Ellul, mais aussi les critiques qu’on peut lui adresser. Ellul est un penseur majeur de l’écologie (mais opposé à l’écologie politique) et de la critique du progrès technique.Belle occasion de relire certains textes et de constater qu’il fut un grand précurseur de thèmes comme l’accélération du temps, l’autonomie de la technique, la critique publicitaire, la philosophie du risque et de la règle « Il ne peut y avoir un développement infini dans un univers fini » (p. 88).

Nicolas Narcisse, Le devoir d’influence

Odile Jacob, 162 pages.
J’ai été profondément agacé par le côté « publireportage » de ce livre ; l’agence dont l’auteur est vice-président est présentée près d’une vingtaine de fois directement ou indirectement, sans compter les points de vue de sa présidente ou de ses collaborateurs ou la publicité faite à ses clients.
C’est d’autant plus regrettable que, pour peu que l’on enlève la manœuvre de positionnement de l’agence, le propos soulevé par cet essai est important en ce qu’il consiste à revendiquer ouvertement la nécessité de l’influence. Pour Nicolas Narcisse, il faut pouvoir prendre ses distances avec l’e-réputation et distinguer la réputation de l’influence.
Pour cette dernière, trois éléments sont requis : la pertinence, la crédibilité et la puissance de frappe. Il montre aussi que « les pratiques des professionnels des affaires publiques sont appelées […] à se rapprocher de celles du monde des relations publiques » (p. 129).

Denis Pingaud. L’homme sans com

Seuil. 220 pages.
Une belle réflexion sur la communication politique de François Hollande. L’auteur s’interroge sur l’absence de rigueur communicationnelle du Président, qu’il explique par la volonté de rupture avec l’ère Sarkozy, par l’expérience du Président lors de la campagne Jospin où la puissance apparente de conseillers en communication se révéla inefficace, par une croyance dans le caractère prioritaire de la concertation avant toute communication au risque d’une perception de tergiversations, aux ambitions individuelles de certains ministres, mais aussi à l’instantanéité du digital, à la perte de toute confidentialité, et la mémoire des images (le replay) qui permet de scruter toutes les vidéos diffusées.
Le livre se termine par un entretien avec le chef d’Etat qui distingue la communication de la personne, celle de la fonction et celle des modes opératoires, et qui s’interroge sur le paradoxe français : « être à la fois un président président et un président proche ».

Timothy Coombs et Sherry Holladay. It’s not just PR. Public Relations in society

2ème édition. Wiley-Blakcwell. 162 pages.
Je classe immédiatement ce livre dans mon Top 3 des meilleurs livres sur les relations publiques. Parfaitement documenté, toujours clair et accompagné de puissantes réflexions, l’ouvrage s’interroge sur la place des relations publiques dans nos sociétés (indispensables selon les auteurs), examine les questions éthiques sous l’angle des chartes déontologiques, revient sur les différentes définitions et en propose une « le management des relations d’influences réciproques au sein d’un tissu relationnel composé des parties prenantes et des organisations », discute les critiques adressées, notamment le risque de manipulation, et analyse l’impact du digital sur la politique de la fonction. #MustRead.

Nicolas Hulot. Plus haut que mes rêves

Calmann-Lévy. 330 pages.
Moi qui ai longtemps admiré Nicola Hulot et son rôle dans l’incarnation du combat environnemental, voici un ouvrage qui m’a fortement déçu.
Nicolas Hulot retrace son parcours de jeunesse, puis à TF1, décrit la primaire écologiste et présente en une vingtaine de pages les nouveaux enjeux environnementaux et sa mission d’envoyé spécial pour la planète. C’est mal rédigé, parfois mal orthographié (mon nom comme celui de Pierre Rabhi), on n’y apprend rien (du moins qui n’ait pas déjà été raconté) et surtout très axé « ma vie, mon œuvre ». Un livre étape vraisemblablement.