Alain de Benoist, Mémoire vive

Entretiens avec François Bousquet, Editions de Fallois, 330 pages.
« Un auteur que l`on aimera détester ». Auteur de 90 livres et 2.000 articles, porte-parole de la nouvelle droite, Alain de Benoist porte une réputation sulfureuse. J`avais adoré son ouvrage Vu de droite, qui reste un modèle d`éclectisme et d`érudition éclairée. Le livre est à l`image de l`auteur, il est bourré de références, de citations sur un nombre de sujets considérables, mais il est un peu tape-à-l`œil et se complaît parfois dans une posture à la Don Quichotte. « En dehors de moi, je ne connais en tout cas, en France et à date récente, aucun intellectuel à qui un tel sort ait été réservé » (p. 263).
Un personnage fascinant et souvent très loin de sa réputation.

Laurent Combalbert et Eric Delbecque. La gestion de crise

PUF / Que sais-je ?. 128 pages.
Une vision originale de la gestion de crise où on perçoit l’influence de la profession des auteurs, tous deux spécialistes de sûreté et notamment de Laurent Combalbert, ancien négociateur du Raid. En conséquence un des trois chapitres (sur quatre) est consacré à la négociation de crise. La sûreté des personnes et des biens est ainsi largement traitée, ce qui n’est pas le cas d’autres ouvrages sur la gestion de crise. Sur ce terme, les auteurs proposent de remplacer la gestion de crise par le management des crises, car la gestion peut laisser supposer qu’il suffirait d’appliquer les consignes d’un plan. Les auteurs rappellent également que la gestion de crise repose sur trois documents : le plan de gestion de crise, le plan de communication, mais aussi le plan de continuité d’activité. De même, rappel utile ; la gestion de crise ne peut reposer uniquement sur le professionnalisme de la cellule de crise.

Laurent Gaildraud. Orchestrer la rumeur

Eyrolles. 242 pages.
Sous-titre : Rival, concurrent, ennemi … comment s’en débarrasser!
Ce livre est étonnant. Il puise dans une littérature scientifique mais en tire des conclusions aberrantes sur les relations entre rumeurs et pleine lune, voire passibles des tribunaux. « Si le contexte le permet, le saupoudrage de racisme sur notre rumeur est un bon catalyseur et ne coûte rien » (p. 83)
Certains éditeurs feraient bien de recourir à un conseil éditorial.

Amiso M. George, Cornelius B. Prat. Case Studies in Crisis Communication

International Perspectives on Hits and Misses. Routledge. 554 pages.
Recueil d’exemples internationaux en communication de crise rédigés par un auteur différent par pays. Les exemples sont d’une diversité incroyable et concernent l’Egypte, le Kenya, le Nigéria, l’Afrique du Sud, la Chine, l’Inde, le Japon, la Thaïlande, l’Australie, l’Angleterre, l’Allemagne, la Russie, l’Iran, le Liban, les USA, le Mexique, le Chili et la Colombie.
J’ai rédigé l’exemple français. Une bonne occasion d’avoir une vision internationale de la communication.

Marie-Christine Sarboni. Réussir ses actions de communication.

Dunod. 186 pages.
Assez complet et bien fait. Le livre a le défaut d’être dans les checks et to-do lists en permanence, mais il a le mérite de la clarté et de l’opérationnalité. L’absence totale de référence me gêne un peu, j’ai aussi repéré quelques erreurs ou approximations, mais c’est plutôt une réussite et une bonne référence pour un chargé de communication en entreprise.

Noël Pons. La corruption des élites

Expertises, lobbying, conflits d’intérêts. Odile Jacob. 246 pages.
Un livre assez patchwork, pas toujours bien conçu et qui traite de l’argent de la mafia, de la crise monétaire et du rôle des agences de notation. Quelques passages intéressants sur le lobbying, mais l’ensemble est trop éparpillé.

Dominique Mégard. La communication publique et territoriale

Dunod / Topos. 128 pages.
Excellent ouvrage par une des meilleures connaisseuses du sujet. L’ouvrage est constellé d’exemples, il traite autant de la communication publique à l’échelle de l’Etat qu’au plan local. Une réussite.

Edwin Zaccai. François Gemenne et Jean-Michel Decroly (sous la direction de). Controverses climatiques, sciences et politiques

Presses de Sciences-Po. 256 pages.
Ce livre présente les actes d’un colloque qui s’est déroulé à Paris en octobre 2010 et réunit neuf présentations suivies d’une postface de Bruno Latour. Je retiens l’excellente présentation d’Olivier Godard sur le cas français avec un examen précis des caractéristiques du discours climato-sceptique et de ses acteurs et la présentation de Jean-Baptiste Comby sur le rôle des médias en Europe. Les examens des situations aux Etats-Unis et en Chine sont passionnants, l’étude de Jean-Paul Bozonnet sur l’opinion est excellente. Bref, un bel ouvrage.

Sandrine Dress et Florence Garnier. Le métier d’annonceur : du marketing stratégique au consommateur

Vuibert. 240 pages.
Un ouvrage totalement pratique avec de multiples tableaux et encarts de type check-lists. Toujours très clair, je l’ai trouvé complet sur la relation annonceur / agence, sur l’efficacité publicitaire, les fonctions en agence et l’audit de communication.
L’ouvrage s’adresse à des chargés de communication plutôt qu’à des étudiants.

Roselyne Bachelot. A feu et à sang

Flammarion. 260 pages.
J’aime toujours lire des carnets de campagne parce que la communication politique y tient une place centrale. J’apprécie aussi son auteur puisque j’avais eu l’occasion de faire partie en 2002-2003 de son comité de veille écologique.
L’ouvrage est un bon règlement de comptes contre Borloo, Dati, Rafarin, Yade, Guaino et surtout la bande des trois (Buisson, Mignon, Guéant) décrit comme les principaux responsables de la défaite aux présidentielles. J’ai apprécié la description de « l’influence néfaste des communicants qui, dans leur souci obsessionnel de tout maîtriser, ont transformé les visites prétendument de terrain en des simulacres de rencontres aseptisées. » Le livre est aussi l’occasion pour Roselyne Bachelot de revenir sur les crises qu’elle a traversées et notamment la grippe AH1N1, qu’elle estime avoir bien gérée. Selon elle, « le processus des crises est chaque fois le même, se déroulant en trois phases : le choc et l’émotion, la solidarité et l’unité, et enfin le doute, la mise en cause et la recherche de boucs émissaires. » (p. 175).