Baudouin Velge. L’affaire K(aupthing).

Trends. 2009. 164 pages.
Un excellent témoignage sur une gestion de crise dans le secteur bancaire. Au moment de la grande crise des subprimes à l’automne 2008, la banque Kaupthing (Belgique) se retrouve en cessation de paiement et 20000 clients se voient dans l’impossibilité de retirer leur argent. Baudouin Velge, consultant à l’agence Interel, la plus importante agence de Belgique, est en charge de la communication de crise. Un livre qui ouvre les coulisses d’une gestion de crise à rebondissements et qui se lie comme un roman.

Philipe Breton et David Le Breton. Le silence contre la parole. Contre les excès de la communication.

Eres/Arcanes. 120 pages.
Dialogue entre un sociologue et un spécialiste de la communication autour de la communication et de thèmes comme la mémoire, l’indicible, le sacré, la violence, le corps. Le livre dénonce la surconsommation de la communication qui fait de nous des obèses de la communication, conduit à une conversation sans parole qui nous anesthésie sous un « déluge de slogans, de parole sans chair » (P30).

Robert Lorenc. Le prêtre au défi de la communication. Salvator. 298 pages.

Voilà le problème des livres commandés sur Amazon ; je pensais avoir une réflexion sur l’église et sa relation à la communication, et donc en filigrane un ouvrage sur l’éthique de la communication, je n’ai qu’une suite d’éditoriaux paroissiaux très loin du titre annoncé. Le Père Lorenc informe que l’avenir de l’église dépend de sa faculté à occuper sa « place légitime dans l’arène des communicants », que le prêtre a une mission de « coaching », qu’il doit trouver « des titres brefs et dynamiques, des slogans répétitifs et branchés, des idées percutantes et synchronisées avec l’actualité », mais le lecteur reste sur sa faim.

Chuck Brymer. The nature of marketing. Marketing to the swarm as well as the herd. 2009. 190 pages.

Par le Président de l’agence DDB, une vision renouvelée du marketing par le 2.0. Les consommateurs réagissent plus en tant que communautés qu’en tant qu’individus et donc la communication marketing doit passer d’un ciblage d’individus à l’engagement dans des communautés. La vitesse devient déterminante et la question « combien de personnes » cède place à « à quelle vitesse ». L’ancienne vision des 4 P (product, price, place & promotion » devient les 3 C « Conviction, collaboration, créativité ». les thèmes clés sont le respect de l’intimité, la nouveauté, la gratuité, le plaisir.

Claude Lanzmann. Le lièvre de Patagonie

Gallimard. 560 pages.
Auto biographie d’un pilier des Temps Modernes et compagnon de route du couple Sartre/Beauvoir. Quelqu’un qui a passé plus de 10 ans de sa vie à réaliser « Shoah » a forcément quelque chose à nous apprendre sur les crises.

Jean-Pierre Doussin. Le commerce équitable

PUF – Que Sais-je ? 126 pages.
Bonne synthèse sur le sujet, un peu orientée (puisqu’elle est rédigée par le vice-président de Max Havelaar France), mais claire et précise. L’auteur inclut le tourisme équitable dans le commerce équitable et indique l’idée de parler d’économie équitable davantage que de commerce équitable.

Paul Yonnet. Le testament de Céline

Editions de Fallois. 250 pages.
Un livre hors norme pour nos rubriques, mais un coup de cœur malgré nos distances envers le personnage. Céline, « auteur en crise, en crise à jamais, ouvert à la crise, entré en crise » est le prétexte à un essai sur les influences littéraires (celle de Zola sur Céline), sur la conviction (et la redécouverte d’Anatole France). Une vraie érudition, mais jamais pédante, notamment sur l’origine historique de la ponctuation célinienne. J’aime l’idée – sans la partager – que recourir aux moteurs de recherches informatiques pour effectuer ses recherches, « c’est faire l’économie du parcours, donc de la culture » (p. 102).

David Holmgren. Future scenarios. How communities can adapt to peak oil and climate change

Chelsea green. 128 pages.
L’auteur examine 4 scénarios du futur selon l’ampleur du dérèglement climatique et du Peak oil et examine à chaque fois les implications dans les formes de mobilité, l’agriculture, l’économie, la culture et les choix politiques. Selon Holmgren, «large scale energetic and environmental factors shape history more than ideologies and the heroic actions of individuals» (p 114).
Un bel exercice de prospective par un défenseur de la permaculture, même si le caractère automatique des conséquences n’emporte pas toujours l’adhésion.

Dan ARIELY. C’est (vraiment ?) moi qui décide.

Flammarion 2008. 304 pages.
M’étant intéressé aux pratiques de « Nudge », j’ai découvert ce livre en économie comportementale qui montre que nos décisions sont loin d’être rationnelles et qu’il suffit de peu de choses pour les influencer. Ce livre fourmille d’exemples sur des manières d’influencer le comportement d’autrui autour de l’idée d’une « irrationalité prévisible ».

Sylvie Brunel. A qui profite le développement durable ?

Larousse/ A dire vrai.
Une déception. La réponse à la question du titre aurait mérité une réflexion plus rigoureuse qu’une accumulation de clichés. Le développement durable reposerait sur une pensée élitiste, régressive, basée sur des peurs non fondées comme celle du réchauffement climatique. Le développement durable porterait en germe des ferments de totalitarisme en obligeant chacun « à adopter une attitude conforme (p. 107), il aurait même des relents nauséeux puisque « les nazis adoraient la nature » (p. 95). Une réelle réflexion sur l’idéologie du développement durable reste à construire.