Michael Pollak. De l’identité blessée à une sociologie des possibles

Ed Complexe et CNRS Editions. 266 Pages.
Ecrit sous la direction de Liora Israël et Danièle Voldman, ce livre est un hommage à M Pollak, sociologue décédé en 1992 à 44 ans. J’avais lu son livre « l’expression concentrationnaire » il y a une quinzaine d’années et je l’avais trouvé remarquable d’intelligence sensible et de justesse. Pollak est un sociologue des points limites, il s’est surtout intéressé aux situations extrêmes, les camps de concentration, le Sida (il a été Président de l’Agence Nationale de lutte contre le Sida), les conflits d’aménagements. Comme il est écrit en introduction du livre, il savait « que la réalité sociale ne se donne jamais mieux à décrire et à comprendre que dans les moments troublés, les controverses, bref, les crises ». Le livre décrit les idées de l’auteur sur l’acceptabilité énoncées il y a 30 ans sur les rejets chimiques ou les centrales nucléaires et l’on est frappé par leur actualité au moment où l’on parle OGM et sécurité sanitaire. Un article rédigé en 1979 sur la régulation de l’innovation technologique et la participation du public est d’ailleurs publié dans le livre qui se conclut par la formule « Les décisions relatives aux questions de risque ne se résolvent pas à l’aide d’une preuve scientifique ou d’une information suffisante ». L’ouvrage est remarquable et offre une plongée dans l’histoire de sociologie française, les relations avec Bourdieu, la tension entre la sociologie critique et celle de l’action, l’approche pragmatique de Boltanski qui termine l’ouvrage.

Assaël Adary et Benoit Volatier. Evaluez vos actions de communication

Dunod. 196 pages.
Avec comme sous titre « Mesurer pour gagner en efficacité » les auteurs vont directement à l’opérationnel et proposent un guide pratique sur les mesures appliquées aux differents champs de la communication d’entreprise. L’ouvrage se presente comme une succession de fiches pratiques sur les méthodes d’évaluation. C’est clair et complet. Seule critique: il n’y a pas une seule référence aux « tableaux de bord de la communication ». ;-)

Loïc Blondiaux. Le nouvel esprit de la démocratie

Seuil/La république des idées. 110 pages.
L’ouvrage traite du thème de la démocratie participative, il en montre les modalités (Focus groupe, conférence de citoyens, CNDP, conseils de quartiers..), les finalités (revaloriser la démocratie), les limites (tout le monde ne s’exprime pas), les déviances qui prennent généralement forme d’opérations de pure communication « Avant d’être un nouvel art de gouverner, la consultation pourrait n’être qu’un nouvel art de communiquer » (page 74), les étapes de l’information, la consultation, la concertation et la co décision. L’auteur montre que la démocratie participative ne peut se confondre avec une démocratie de proximité sous peine de limiter la première à la défense d’intérêts particuliers.

Jean Pierre Beaudoin. Le dirigeant à l’épreuve de l’opinion

Village Mondial. 184 pages.
L’ouvrage est plutôt destiné à des managers dans le but de leur montrer en 10 principes l’importance de la communication pour leurs entreprises et activités. Intéressant car l’auteur ne se contente pas de présenter des recettes, il les éclaire par une réflexion profonde. Un exemple de l’idée qu’il ne peut y avoir de bonne communication sans une bonne culture générale.

Serge La Barbera. Un sentiment d’imposture

Allia. 60 pages.
Petit ouvrage qui retrace l’histoire de la rédaction d’une thèse de doctorat par un enseignant. Les périodes de doute, d’enthousiasme, les difficultés rencontrées, le moment de la soutenance et le moment de satisfaction mélé de déception qui s’ensuit.

Andrew Griffin. News strategies for reputation management

CIPR / Kogan Page. 176 pages.
Un ouvrage très complet sur la communication corporate. Basé sur plusieurs études de cas, l’auteur analyse notamment les méthodes d’évaluation de la réputation, la communication de crise et les problématiques d’issue management ainsi que la communication sur la RSE. Sur ce dernier sujet, l’auteur exprime avec une certaine conviction ses vives réserves sur l’utilité de ce thème de communication.

Danielle Maisonneuve. La communication des risques, un nouveau défi

Presses de l’Université du Québec. 2008. 186 pages.
Le livre présente les interventions lors d’un colloque à Montréal, quelques bons chapitres. J’ai noté l’article de A Nantel sur la communication des risques technologiques et l’analyse des paramètres de la perception du risque, celui de B Dagenais sur la communication du risque des collectivités locales et sa critique du «leurre de la proximité», celui de M Doré sur la place de la communication dans le dispositif de gestion des risques et un bon descriptif par N de Marcellis-Warrin sur la législation française sur la communication du risque industriel.

Bengt Jangfeldt. La vie en jeu. Une biographie de Vladimir Maïakovski.

Albin Michel. 592 pages.
Une somme, et une merveille d’érudition et de clarté au service de la redécouverte d’un des poètes majeurs de l’entre-deux guerres en Union Soviétique. L’occasion de retrouver le contexte agité de la montée du stalinisme et de son influence dans les arts et lettres. j’ai appris que Maïakovski avait produit des centaines de slogans publicitaires pour toutes sortes de produits et qu’il a pu être rémunéré au vers produit (70 kopeks le vers ! – p. 400).
L’occasion aussi de dépasser le cliché de sa relation exclusive avec Lili Brik et de percevoir un personnage multiple, pas forcément sympathique, souvent impétueux, parfois brutal et d’une sensibilité exacerbée qui le conduira au suicide en avril 1930, à 35 ans, en laissant une oeuvre poétique si particulière.

Dawn R Gilpin et Priscilla J Murphy. Crisis management in a complex world. Oxford Press. 210 pages.
Gilpin & Murphy

Eugène Huzar. La fin du monde par la science

Ere. 150 pages.
L’ouvrage date de 1855 et c’est un superbe cri d’alerte contre les ravages du progrès. L’auteur traite de l’orgueil de la science qui sera « la cause de la chute de l’homme » et interpelle sur les dégâts causés à l’environnement : « Mais prenez garde, quand nous toucherons un jour aux lois de l’équilibre de la planète, que la leçon ne soit si forte qu’elle ne puisse plus nous servir d’expérience. » (page 95). Il relève que « le déboisement fait sur une grande échelle change le climat » (page 98). L’ouvrage est souvent apocalyptique et pourra prêter à sourire, notamment quand il craint que l’axe de la terre pourrait se modifier en raison de l’exploitation minière ou les océans s’embraser avec le déversement de potassium. Bien introduit par Jean–Baptiste Fressoz, le livre se termine par une postface de Bruno Latour.

Nathanaël Becker. Vidéo d’entreprise et communication

Vuibert. 256 pages.
Par un spécialiste du sujet, par ailleurs enseignant à Paris-IV, le livre est précis et très pédagogique. L’ouvrage a parfaitement intégré le mode de diffusion sur les réseaux sociaux au détriment des modalités plus classiques lors d’opérations de relations publiques. Une référence.