William DAB

Santé et environnement. Que Sais-Je ? PUF. 128 pages.
Ancien directeur de la santé, professeur au CNAM, l’auteur rappelle d’abord le slogan de l’OMS « Environnement d’aujourd’hui, santé de demain » ainsi que le premier article de la charte de l’environnement : « Chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et favorable à sa santé ». Un quart des maladies serait dû à des facteurs environnementaux et un tiers chez l’enfant. Parmi les 102 grandes maladies répertoriées par l’OMS, 85 sont en tout ou partie liées à des causes environnementales. La fréquence d’asthme a doublé en 15 ans.
Le livre est bourré d’informations, l’ensemble est clair et toujours compréhensible, la réflexion est passionnante.

Jacques Sémelin. J’arrive où je suis étranger

Seuil. 302 pages.
Historien et spécialiste du rôle des médias dans la libéralisation de l’Europe de l’Est, l’auteur livre une autobiographie très touchante puisqu’il y raconte la montée de son handicap lié à la perte progressive de sa vision, depuis l’âge de 16 ans jusqu’à la cécité vingt ans plus tard. Belle leçon de vie d’un enseignant chercheur qui montre que sa motivation lui a permis, de la Sorbonne à Sciences Po, en passant par Harvard et le CNRS, d’atteindre de belles réalisations dans la recherche.

Solange Tremblay. (sous la direction de) Développement durable et communication

Presses de l’université du Québec. 270 pages.
Recueil assez inégal de différentes contributions. Nous avons surtout apprécié celles relatives à l’étude de l’émergence du concept et à celle des enjeux communicationnels. Le reste apparaît trop pavé de bonnes intentions.

Estelle Ferrarese. Niklas Luhmann, une introduction

Pocket/La Découverte. 280 pages.
Pour une synthèse de la pensée du sociologue allemand (1927-1998). Luhmann était un penseur innovant sur la communication et l’écologie avec un regard systémique qui dépassait l’approche traditionnelle Input/Output. Penseur de l’improbabilité tant de la communication que de la survie de l’homme, opposé à l’illusion éthique de comprendre le monde par les valeurs ou sous un angle humaniste, il faisait de la communication le cœur du système social, mais une communication qui échapperait aux hommes. Il pensait qu’il n’y a de légitimité que dans les procédures et disait « l’espace public est bien plus un véritable symbole de l’opacité engendré par la transparence » ou « La société est irritée mais n’a qu’une manière de répondre à l’irritation : en communiquant »

L’œil Laser 2007. Graines d’avenir

Une année d’observation commentée par Dominique Wolton. 90 pages.
Petit livre présentant des tendances émergentes ou des faits significatifs d’évolution. Intéressant à lire et de voir qu’un an après beaucoup de faits relevés comme significatifs sont passés dans l’oubli. Pour Wolton qui commente les 2 éléments majeurs résident dans les idées de « surprendre et nous différencier ».Il note la capacité de renouvellement incessante des marques.

Yann Algan et Pierre Cahuc. La société de défiance

Editions rue d’Ulm. 100 pages.
Un livre d’économie publié par le CEPREMAP (Centre pour la Recherche Economique et ses Applications), couronné meilleur essai 2007 du magazine Lire. L’ouvrage sous titré « Comment le modèle social français s’autodétruit » présente les caractéristiques de cette crise de confiance, tâche d’en expliquer les spécificités françaises, ses causes (le corporatisme et l’étatisme) et démontre les conséquences économiques du fait que les français sont plus méfiants que la plupart des habitants des autres pays développés : « la défiance envers autrui induit une peur du marché qui conduit à une réglementation de la concurrence favorisant le développement de la corruption ». Les auteurs indiquent sur la base de leurs travaux que si la France avait le même taux de confiance que la Suède, le taux de chômage baisserait de 3 points et le PIB croitrait de 5%, soit 1500 Euros de plus par personne.

Nassim Nicholas Taleb. The Black Swan. The impact of the highly improbable.

Random House. 368 pages.
L’image du cygne noir vient de la certitude de l’inexistence de cygnes noirs jusqu’à la découverte qu’ils pouvaient exister. L’auteur en tire une métaphore d’événements hautement improbables avec 3 caractéristiques : ils sont imprévisibles, leur impact peut être considérable, ils réapparaissent dans une chaîne de causalité quasi évidente une fois leur apparition passée. Le livre traite de la non linéarité des événements en redécouvrant les travaux de Poincaré et en remettant en cause notre vision de l’histoire. Un livre facile à lire sur un sujet compliqué mais servi par de multiples exemples et un bon sens de l’humour. Dans une perspective de communication de crise, le livre apporte du grain aux tenants de l’école événementielle à l’encontre de ceux qui imaginent encore que tout peut se prévoir avec une organisation adaptée.

Karl E Weick & Katleen M Sutclife. Managing the unexpected

2nd Edition. Jossey Bass. 2007. 194 pages.
Un bon ouvrage sur la gestion de crise base sur de nombreux exemples. Les auteurs insistent sur la dimension culturelle de l’anticipation et de la gestion des crises, notamment en encourageant les attitudes de questionnement interne, les entreprises modèles sont celles où l’on peut « travailler dans un climat où chacun se sent capable de remettre en cause des choix et de reporter à la direction tout problème ou défaillance ». Ils encouragent les entreprises à ne jamais relâcher leur vigilance, surtout quand tout semble se dérouler au mieux. Ils mettent en garde les entreprises contre un surcroit de procédure alors que les éléments clés sont d’ordre culturel. Cette culture de la crise doit reposer sur 4 piliers : le reporting, la qualité, la flexibilité et l’apprentissage constant (reporting, just, flexible & learning culture).

Bruno Le Maire. Des hommes d’état

Grasset. 2007. 450 Pages. 20,90 Euros.
L’ouvrage de l’ancien directeur de cabinet de Dominique de Villepin à Matignon, pour l’essentiel consacré aux relations entre Chirac/De Villepin et Sarkozy, contient une information importante sur la communication gouvernementale de crise. « Depuis la crise de la canicule, l’Etat vit dans la crainte des défaillances d’été. Le moindre incident qui se produit sur le territoire national est désormais signalé à Matignon, comme s’il n’existait ni gendarmerie, ni préfet, ni police, ni ministre. Un conseiller m’appelle un matin : « Un chalutier a eu une voie d’eau dans le golfe de Gascogne- Pardon. ? Un chalutier a eu une voie d’eau dans le Golfe de Gascogne, je voulais vous prévenir quand même ».
Autre passage qui pourrait être amusant s’il n’était révélateur de certaines impuissances, celui sur l’apparition des risques liés au virus H5N1 de la grippe aviaire en 2005. Bruno Le Maire retrace un entretien entre le 1er Ministre et l’ancien ministre de la santé Philippe Douste-Blazy où ils s’interrogent sur les mesures de précaution : faut-il prévoir quelque chose sur la consommation d’œufs crus ? « Il vaut mieux éviter la consommation d’œufs crus – Il y a risque ou il n’y a pas de risque ? – Il n’y a pas de risque mais il vaut mieux éviter la consommation d’oeufs crus ». !

Christian Salmon. Storytelling

Editions La Découverte. 2007
Le livre qui se situe clairement dans une veine dénonciatrice de la communication conçue comme domination traite du passage de l’univers du logo à celui du discours, de l’image de marque à l’histoire de marque. Il situe cette modification au début des années 90 aux Etats Unis et son importation en France eu début des années 2000, des entreprises comme Danone, Renault ou IBM l’appliquerait, mais le concept serait surtout utilisé dans le monde politique et C Salmon décortique les campagnes de S Royal et De N Sarkozy pour en montrer les ressorts. Le communicant devient un storyteller, en charge d’une entreprise de fiction. Le spin doctor devient un story spinner et le communicant politique devient responsable de la line of the day, capable en permanence de trouver de « belles histoires évocatrices et des récits émouvantes ».
L’angle est outrancièrement critique, mais il est parfaitement argumenté et documenté. Un livre propice à la mise en débat.