de l’image au social

Jean-Marie Charpentier et Vincent Brulois,

Refonder la communication en entreprise. De l’image au social,

FYP Editions, 2013, 192 pages.

En charge de l’observation sociale dans une entreprise publique, Jean-Marie Charpentier est Vice-Président de l’Association Française de Communication Interne (AFCI), il avait rédigé sa thèse sur les pratiques de débat au sein des entreprises. Vincent Brulois est maître de conférences à Paris XIII où il est responsable du Master communication et RH.

L’ouvrage part de l’idée qu’avant d’être un sujet technique, la communication est d’abord une question sociale et qu’elle devrait moins s’attacher à gérer les problématiques de marque pour s’engager vers des pratiques de dialogue entre les différents acteurs de l’entreprise.

Les auteurs pointent la difficulté du travail de communication interne qui doit gérer trois grandes difficultés :

  • – Un grand écart entre un discours à dominante financière, et les enjeux de la responsabilité sociale dans le sens le plus profond du terme,
  • – Un besoin de compréhension, de réflexion sur les stratégies alors que la pression s’effectue pour une évolution toujours plus forte vers la mise en place de supports et la réalisation d’outils évaluables,
  • – La nécessité d’avoir des relais dans le management de proximité alors que celui-ci est de plus en plus vissé à son bureau, consacré à ses activités de gestion et de reporting, « occupé à nourrir ces machines de gestion ou à participer à quantité de réunions pour gérer les processus, plutôt que de réguler le travail au quotidien » (p. 71).

Grand absent de la communication d’entreprise, le social doit se resituer dans la communication d’entreprise, ce qui nécessite un changement de vision ; le social n’est pas un problème, c’est « une nécessité, voire une solution. » (p. 75).

Les auteurs plaident pour un renouveau des sciences humaines et sociales appliquées à l’entreprise afin de mieux comprendre les relations de la communication avec le management de l’entreprise.

Les salariés, en raison de l’évolution des métiers, ont de plus en plus besoin de communication, d’interaction, de coopération. Mais au niveau collectif, leurs voix, bien que sollicitées, restent peu entendues. Le travail ne consiste plus à effectuer des opérations mais à faire face à des événements « avec leur lots d’aléas et d’incertitudes qui obligent à communiquer pour résoudre les problèmes. » (p. 136).

En conclusion, les auteurs notent que « l’enjeu à venir de la communication est du côté de l’échange des gens entre eux, des accords et compromis qu’ils passent », mais la difficulté reste forte puisque les salariés sont les premiers à constater le double décalage entre la communication externe et interne d’un côté, et de l’autre entre ce qui leur est dit et ce qu’ils constatent. Mais, l’épreuve n’est pas infranchissable pour peu que les entreprises comprennent qu’elles ne doivent pas seulement expliquer, mais aussi s’expliquer.

Un livre brillant, nécessaire pour ceux qui travaillent dans la communication interne. J’ai apprécié la pertinence des idées et l’extrême clarté des auteurs qui réussissent à concilier la hauteur réflexive et la connaissance des pratiques en entreprise.

 

Signe d’honnêteté, lorsqu’ils citent une phrase d’un auteur elle-même citée dans un autre livre, (citation de seconde main), ils indiquent la source originelle et le livre dans lequel ils l’ont découverte ; c’est assez rare pour être souligné.