Nicolas Hulot – les leçons d’un échec
La démission de Nicolas Hulot a été ressentie comme un coup de tonnerre. Un déluge de commentaires, d’analyses, de bilans s’est aussitôt installé.
Pourtant, la surprise était minime. Le départ de Nicolas Hulot était programmé et la seule réelle interrogation reposait le choix du moment que l’on imaginait un peu plus tardif.
Plutôt que de chercher si le lobby de la chasse fut l’élément déclencheur ou si la France a gagné sur le glyphosate, il y a une question plus profonde à régler, pourquoi ça ne marche pas ? Pourquoi depuis 37 ans d’existence en France d’un ministère de l’environnement, le sentiment d’échec prévaut-il ? Le ministre de l’environnement est celui pour lequel la durée de vie politique est la plus brève. Vingt-cinq titulaires se sont succédé depuis 1971. Cela ne peut que réduire l’impact réel de chaque ministre.
Indice inquiétant : tous les ministres de l’environnement ayant publié leurs mémoires ont, peu après avoir quitté leur poste, écrit leur totale impuissance dans leur volonté de faire bouger les lignes. Et ce constat n’est pas nouveau puisque le premier titulaire de la fonction, Robert Poujade, écrivait déjà en 1975 l’ouvrage Le ministère de l’Impossible.
De tous les ministres de l’écologie, Nicolas Hulot était sans conteste le plus compétent. Depuis 1999 et grâce au philosophe Dominique Bourg, il avait réuni au sein de sa Fondation une petite équipe exclusivement composée de scientifiques dont j’avais l’honneur de faire parti, pour l’aider à bien comprendre les principaux sujets environnementaux. Il était de loin le ministre le plus motivé, le plus conscient de la nécessité d’une urgence de l’action. Il avait rang de ministre d’Etat, protocolairement n° 3 au sein du gouvernement. Il disposait d’une vraie légitimité dans l’opinion publique qui le plaçait au sommet des personnalités préférées.
Et malgré tout cela, c’est à nouveau l’échec. Le sentiment est que l’action politique est impuissante. Comme le disait Nicolas Hulot dans son interview sur France Inter, les raisons sont ailleurs, les déterminants de l’action sont peut être davantage culturels ou civilisationnels, mais aucunement politiques.
Cela signifie que la balle dans le camp de chacun d’entre nous. Mon travail sur la consommation responsable m’a fait comprendre que la meilleure action pour l’environnement était souvent celle que l’on effectue en faisant nos courses, que le meilleur vote, s’effectuait au moyen de la caisse enregistreuse. C’est vraisemblablement par nos comportements individuels que le monde évoluera, et pas seulement au moment du vote. Le changement ne peut venir d’une autorité extérieure, aussi élevée soit-elle. S’il y a un message à retenir de la démission de Nicolas Hulot, c’est bien celui de nous confronter à nos propres contradictions et si possible de pouvoir les dépasser. L’action pour un monde meilleur ne peut totalement se déléguer, c’est dans nos actions quotidiennes qu’elle doit s’accomplir.